Finom se réinvente avec le crédit immobilier : offensive d’une fintech sur un marché en recomposition

Depuis janvier 2025, la néobanque européenne Finom, historiquement dédiée aux professionnels et indépendants, crée la surprise en lançant une offre de crédits immobiliers destinée aux particuliers. Cette nouvelle orientation stratégique soulève de nombreuses questions : pourquoi ce pivot ? Quelle place la fintech peut-elle occuper face aux géants traditionnels ? Et surtout, comment se positionne-t-elle sur un marché en mutation, après deux années de tension sur les taux ?

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Coordonnées officielles de Finom

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Site web : https://finom.co/fr-fr/
Téléphone : 09 72 16 90 81

Finom : l’ADN d’une néobanque européenne née pour les pros

Créée en 2019, Finom s’est initialement imposée comme une plateforme bancaire digitale destinée aux travailleurs indépendants, TPE et freelances en quête de solutions simples et transparentes. Immatriculée sous le nom Finom Payments B.V. aux Pays-Bas, l’entreprise détient une licence européenne de services de paiement, lui permettant de proposer des IBAN, cartes professionnelles, outils de facturation et de gestion des finances centralisés.

Forte d’une croissance soutenue dans plusieurs pays d’Europe, Finom revendiquait fin 2024 plus de 300 000 clients professionnels et une présence opérationnelle en France, en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas. Portée par une interface fluide et une promesse de simplification bancaire, la fintech s’est hissée parmi les acteurs les plus crédibles du segment B2B digitalisé.

Janvier 2025 : Finom se lance dans l’immobilier résidentiel

C’est un virage stratégique inattendu. En ce début d’année, Finom annonce la mise en place d’une offre complète de crédit immobilier destinée aux particuliers, en France d’abord, avant un probable déploiement en Europe. Objectif affiché : « offrir un crédit simple, rapide, digital et compétitif », selon les mots de Bart Bogers, co-fondateur de la fintech, dans un communiqué du 9 janvier.

Cette incursion dans l’univers B2C marque une inflexion forte pour une entreprise qui s’était jusqu’ici consacrée exclusivement à la clientèle professionnelle. Finom entend capitaliser sur ses atouts technologiques — onboarding ultra-rapide, analyse automatisée des risques, API de vérification bancaire — pour court-circuiter les lourdeurs des établissements traditionnels et répondre à une nouvelle attente client : obtenir un prêt immobilier sans friction.

Un marché en redémarrage prudent

Le timing du lancement n’est pas anodin. Après une année 2023 marquée par la hausse brutale des taux d’intérêt et un net recul des volumes de crédits octroyés (-30 % selon l’Observatoire Crédit Logement/CSA), 2024 a vu apparaître des signaux de stabilisation. La BCE, en suspendant la hausse de ses taux directeurs fin 2024, a permis aux banques de réajuster leur grille.

Les taux 2025 : vers une accalmie ?

Au 1er trimestre 2025, les taux moyens constatés oscillent autour de 3,75 % sur 20 ans, avec des écarts notables selon les profils. Les primo-accédants reviennent progressivement sur le marché, tandis que les investisseurs immobiliers demeurent attentistes. Dans ce contexte, Finom propose une grille tarifaire dite « agressive », avec des taux d’appel à 3,45 % pour les meilleurs dossiers, intégrant un parcours 100 % numérique et des délais de réponse annoncés en moins de 48 h.

Une stratégie numérique assumée

Finom mise sur une expérience client entièrement digitalisée, depuis la simulation de crédit jusqu’à la signature électronique. L’algorithme d’analyse des revenus, déjà éprouvé pour ses clients professionnels, a été adapté aux flux salariaux des particuliers. L’interface mobile, sobre et efficace, vise une cible connectée, active et urbaine, lassée des procédures paperassières.

Par ailleurs, Finom se positionne comme une alternative aux banques classiques, mais aussi aux courtiers en ligne (Meilleurtaux, Pretto) en intégrant toutes les briques du crédit en interne : scoring, montage, offre, gestion du contrat. Le tout sans frais de dossier et sans rendez-vous physique.

Quels risques pour Finom ?

Ce saut vers l’immobilier n’est pas sans risque. Sur le plan réglementaire, Finom devra démontrer sa capacité à gérer un portefeuille de prêts immobiliers en respectant les exigences prudentielles (Bâle III, ratios LTV, normes HCSF). En interne, la gestion du risque crédit, notamment sur les profils à revenus fluctuants, constitue un défi structurel.

Sur le plan économique, la rentabilité de l’offre reste à prouver. Avec des marges réduites par la compétition sur les taux et des coûts d’acquisition clients encore élevés, Finom parie sur le volume et la fidélisation pour amortir son entrée sur ce marché complexe. L’absence de réseau physique est un avantage technologique… mais un inconvénient pour certains emprunteurs rassurés par la proximité humaine.

Une ambition européenne ?

Lancement en France, test grandeur nature, puis généralisation ? Selon plusieurs sources internes, Finom envisage déjà un élargissement à l’Espagne et à l’Italie, où la demande en crédit est forte et le paysage bancaire encore rigide. L’architecture cloud-native de l’entreprise et son statut européen simplifient le déploiement transfrontalier.

L’ajout à moyen terme de produits adjacents est aussi dans les cartons : assurance emprunteur maison, gestion locative pour les investisseurs, voire solutions de refinancement instantané via API. Le crédit immobilier deviendrait alors un produit d’appel vers un écosystème financier plus large.

Conclusion : Finom, la « Boursorama » des crédits de demain ?

En s’attaquant au crédit immobilier, Finom ne se contente pas de diversifier ses revenus. Elle entend réinventer l’accès au financement résidentiel, dans une logique de transparence, de vitesse et d’expérience utilisateur optimisée. Si elle réussit à convaincre au-delà des early adopters, la fintech pourrait bien devenir en quelques années un acteur pivot d’un marché immobilier numérisé. Une révolution bancaire discrète, mais stratégique.




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